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MATERIAUX MODERNES AU SERVICE DU DECOR FERROVIAIRE

PAR CHRISTIAN

Outre le recours à des kits plastiques ou bois, le modéliste ferroviaire est souvent amené à réaliser une part importante du décor de son module ou réseau en utilisant les matières les plus diverses. Traditionnellement les papiers, grillages, cartons et bois constituaient la matière de base des travaux de décoration.

Sous l’impulsion de modélistes talentueux et innovants, mais aussi par la possibilité nouvelle d’accéder à des produits jusque là réservés aux réseaux professionnels les plus divers, les modélistes peuvent aujourd’hui utiliser des gammes de produits aussi utiles que faciles à utili­ser.

Le présent propos ne vise pas à étudier en détail les diverses techniques de mise en œuvre –pour cela se reporter aux revues spécialisées – mais simplement à sensibiliser l’amateur aux possibilités offertes par ces produits et à apporter  quelques informations de base relatives à leur mise en œuvre.

CARTE PLASTIQUE

La carte plastique est faite de styrène, matière très utilisée pour les emballages, notamment alimentaires (pots de yaourts, barquettes..). C’est dans les années 80 que ce type de produits, déjà largement utilisé par les modélistes nord américains, est apparu sur le marché européen. D’abord surtout utilisé pour la réalisation intégrale ou la transformation de matériels roulants, son emploi s’est élargi au domaine du décor soit pour réaliser tant des immeubles de tous types que des installations techniques ou industrielles, soit pour détailler des maquettes du commerce (volets, porte, auvents..).

Ces produits sont aujourd’hui couramment disponibles dans la plupart des magasins de modélisme (toutes disciplines), chez les VPCistes ou en exposition. Plusieurs marques propo­sent des gammes plus ou moins étendues. La plus connue et la plus utilisée est l’américaine EVERGREEN qui propose plusieurs centaines de références de plaques et de profilés ; on citera également PLASTRUC.

Le premier intérêt est de disposer d’une offre très variée qui permet, sans trop de difficulté, de réaliser à peu près tout : immeubles, installations industrielles (portiques, tuyauteries, ventila­tions…) ou ferroviaires (signaux, grues..), infrastructures (ponts métalliques, passerelles. La disponibilité de profilés aux formes et dimensions variées permet également de réaliser des pièces ou ensembles aux formes complexes.

Le second avantage réside dans la facilité de mise en œuvre. Commode à travailler, il est aisé à mettre en forme par découpe, ponçage (lime, papier abrasif ou petite fraise) voire perçage (de préférence à la main avec une drille porte foret). Le collage se fait avec une colle à solvant (colle maquette genre HUMBROL, KIBRI, FALLER…) qui agit comme une soudure à froid et procure un assemblage très solide. L’utilisation de produits tels que le trichloréthylène est possible sous réserve d’avoir la main légère (risque de déformation au séchage) ; à réserver pour de grosses pièces (attention aux vapeurs très nocives).

Enfin, la peinture de la carte plastique ne pose aucun problème et la plupart des types de peintures peut être utilisée. Il conviendra cependant de veiller au bon état de surfaçage car la peinture ne cache pas les défauts mais les révèle et les accentue. Les défauts sont à éliminer par utilisation de pâte spéciale (dite « putty », nombreuses marques dont TAMIYA, AMF 87) pour combler les imperfections, puis ponçage à l’eau avec de l’abrasif fin (papier pour carros­serie).

Une question revient souvent : son prix. Il est vrai que la réalisation d’un modèle nécessite souvent de disposer de nombreuses références, parfois en faible quantité. Le budget peut alors rapidement monter car il faut compter de 7 à 10 € pour un sachet de plaques (selon épaisseur) et de 6 à 8 € pour un sachet de profilés. Il convient cependant de relativiser. D’une part il est possible de ne pas acquérir certaines références et de les réaliser soi-même par découpe (ex : profilé de 1×4 à découper dans une plaque de 1 mm). D’autre part, les quantités non utilisées ne sont pas perdues et seront fort utiles pour d’autres réalisations. Le coût doit s’apprécier sur la construction de plusieurs modèles. Dans le cas d’une utilisation régulière, la carte plastique devient relativement économique.

POLYSTYRENE EXPANSE

Produit particulièrement courant, il est de longue date largement utilisé dans les emballages et comme produit d’isolation. Il est facilement disponible par récupération d’emballages ou sous formes de grandes plaques disponibles (nombreuses épaisseurs) dans les grandes surfaces de bricolage. Il est très bon marché.

Sa qualité première est la légèreté ce qui le rend particulièrement intéressant pour la réalisa­tion des reliefs, son usage préférentiel en modélisme. Facile à découper et à mettre en forme (cutter ou appareil électrique de découpe), il se colle aisément avec des colles vinyliques genre colle à bois. Le recours à des colles à solvant est à proscrire sous peine de voir fondre le matériau.

Il doit être peint avec des peintures sans solvant susceptibles de le faire fondre (gouaches ; acryliques..).

Deux inconvénients cependant. Les opérations de découpe génèrent l’apparition de petites billes de polystyrène qui ont une fâcheuse tendance à virevolter et à se loger dans des endroits pas toujours accessibles ; caractéristique peu appréciée des ménagères en général. Par ailleurs, cette matière est sensible à la chaleur et peut, dans certaines circonstances, fondre voire s’enflammer et dégager des vapeurs très toxiques. Il convient donc d’éviter le contact avec les câbles ou appareils électriques (même très basse tension).

POLYSTYRENE EXTRUDE

Commercialisé essentiellement comme produit d’isolation, le polystyrène extrudé présente, pour le modéliste, certaines des caractéristiques du polystyrène expansé :

  • disponibilité en grandes surfaces de bricolage (grandes plaques de diverses épais­seurs) ;
  • très bon marché,
  • découpe et collage aisés,
  • sensibilité à la chaleur.

On notera que la découpe de ce matériau assez dense nécessite d’utiliser un cutter « lourd » (lame large) avec une lame bien coupante (neuve si possible). Pour obtenir une coupe franche et un bel état de surface de la coupe, procéder en plusieurs passes et éviter de « scier » ou de couper en faisant pression sur la lame.

Le polystyrène extrudé est particulièrement bien adapté au décor ferroviaire. La réalisation de reliefs est plus aisée qu’avec le polystyrène expansé car les coupes sont beaucoup plus nettes (et sans les innombrables petites billes !) et parce qu’il est possible de sculpter les plaques et ainsi d’obtenir un résultat réaliste. La mise en forme des plaques se fait par enlèvement de matière (cutters et petites gouges) et par ponçage (utiliser des limes « maison » faites avec du papier de verre de grains différents).

Moins courante en modélisme ferroviaire est son autre utilisation pour réaliser de petits éléments de décor. Ceci concerne surtout des éléments de maçonnerie ou en béton ; quais, culées de pont (voire ponts), butoirs, écluses…En effet, le polystyrène extrudé permet d’imiter l’apparence des pierres ou moellons mais aussi celle du béton. On peut facilement obtenir des effets de vieillissement par de petits arrachages de matière, des ponçages, l’inclusion d’autres éléments (ex : fil laiton apparent imitant une armature béton dégradée) et par des effets de peinture ou l’emploi de terre à décor.

La décoration impose de n’utiliser que des peintures sans solvant ; même chose pour les pates de décor destinées à modeler le relief.

PVC EXTRUDE (PVCe)

Sa dénomination la plus connue est le FOREX mais, en fait, FOREX est une dénomination commerciale déposée (marque allemande). Ce matériau a été développé pour des usages publicitaires ou d’affichage en extérieur car il est insensible aux intempéries. Disponible sous forme de très grandes feuilles (épaisseurs courantes : 1, 2, 3 et 4 mm ; le 10 mm est peu utile et difficile à couper), il n’a pas toujours été aisé d’en trouver car il était seulement disponible chez des grossistes spécialisés. Il est aujourd’hui facile d’en trouver soit dans les grandes surfaces de bricolage (rayon découpe bois/verre ou encadrement), soit par correspondance auprès de VPCistes ferroviaires (dont Loco Revue), soit enfin parfois en exposition. Cependant, les formats proposés sont souvent de dimensions modestes (format A4 ou moins ; format 400 x 600 chez Leroy Merlin) ; il ne sera possible de trouver des grandes feuilles qu’auprès de grossistes spécialisés. Noter que les magasins d’arts graphiques ne connaissent pas ce type de produit.

Ce matériau n’est pas plus coûteux, voire moins, (prix ramené à la surface) que la carte plastique mais ses qualités en font un produit bien adapté au modélisme ferroviaire, spécialement pour la construction d’immeubles. Il est également conseillé d’acquérir des plaques assez grandes (environ plaque de 5mm de 400 x 600 vue à 8 € chez Leroy Merlin) ; les toutes petites plaques en grandes surfaces sont (ramené au m²) assez chères.

Le PVCe n’existe que sous forme de plaques. On notera que les deux faces sont mates (carte plastique : une face mate, l’autre brillante) et présentent un aspect moins lisse que la carte plastique. S’il est possible, par superposition, de réaliser certaines pièces d’architecture (ex : corniches d’immeuble), on ne pourra pas produire, ou difficilement, des pièces aux formes plus complexes comme avec de la carte plastique. De même, on ne pourra recourir au PVC pour représenter des reliefs car les plaques disponibles sont de faible épaisseur (jusqu’à 10 mm mais difficiles à se procurer). Le PVCe est compatible avec tous les autres types de matériaux ce qui permet de construire des installations complexes et détaillées.

L’usage préférentiel de ce matériau est la construction d’immeubles ou bâtiments industriels : légèreté ; rigidité (murs en 3mm de préférence ; 5mm pour les grandes pièces), possibilité de vieillissement (ex : fissures). Il peut également servir de base pour des surfaces bétonnées (usines ; routes..).

Le PVCe est un matériau très solide insensible aux solvants, même les plus agressifs. Par contre, sa surface est assez sensible aux chocs et aux marques. Il importe donc de le mani­puler avec précaution car les marques (rayures…) sont délicates à éliminer (ponçage fin pour les petites ; enduisage avec du putty puis ponçage à l’eau pour les plus importantes). Il est conseillé de tracer sur la face non protégée par le film plastique amovible et d’utiliser la face « film » pour les parties visibles.

Bien qu’il s’agisse d’une matière dense, la découpe du PVCe ne pose pas de difficulté particulière. Ici aussi, il convient de se munir d’un gros cutter (bonne prise en main) avec une lame neuve. Pour des découpes fines (ex : ouvertures), se munir d’un cutter plus petit (genre ACTO) avec lame pointue neuve. La qualité de coupe des lames est ici essentielle pour obtenir un bon résultat.

Les mises en forme, telles que le biseautage d’un bord, se font facilement à l’aide de petites râpes, limes fines ou papier de carrossier.

Le collage requiert impérativement une colle technique, de préférence de type cyanoacrylate. Il importe de bien préparer les assemblages car la prise intervient très vite et il devient délicat de décoller les pièces sans dommages. Les colles néoprènes conviennent également : à réser­ver pour des contre-collages ou de grandes surfaces (dalle béton..).

La peinture peut se faire avec tous types de produits, y compris à solvant.

LES MATERIAUX « SANDWICHS »

Ce terme recouvre en fait deux produits qui, sous des apparences analogues, sont en réalité fort différents et ne doivent pas être employés de la même façon : le « carton mousse » et le « carton Plume ™ ». Tous deux sont constitués d’une âme en mousse synthétique prise entre deux fines feuilles cartonnées. Ces produits existent en plusieurs épaisseurs (généralement 3, 5 et 10 mm) ; les feuilles cartonnées sont le plus souvent blanches mais il en existe en noir.

La grande différence réside dans la nature de la « mousse ». Le carton mousse est le plus courant (95% de ce que l’on trouve dans les magasins d’arts graphiques), son âme est compo­sée de polystyrène, matière particulièrement sensible aux solvants (colles ; peintures, enduits). Par contre, le carton Plume se compose de polyuréthane ce qui lui confère une résistance parfaite aux solvants. L’usage modéliste de ces deux produits s’en trouve affecté.

Cette différence essentielle est presque toujours ignorée des vendeurs des magasins d’arts graphiques qui affirment que se sont des produits analogues. De plus, ils baptisent carton Plume ce qui n’est en fait que du carton mousse. On notera que la dénomination carton Plume est une marque déposée (™) de la maison Canson. Il convient donc d’être extrêmement vigi­lant pour être certain d’acheter du vrai carton Plume.

Carton mousse

Sous réserve de ne pas avoir à le mettre en contact avec des produits à solvant, le carton mousse est tout à fait intéressant pour la création d’immeubles voire de reliefs. Sa découpe est facile avec un cutter équipé d’une bonne lame. Il peut également être enduit de produits à base de plâtre ou acryliques (toujours sans solvants) pour imiter des enduits. Il est alors nécessaire de le peler préalablement.

La méthode la plus efficace consiste à enlever la couche superficielle du carton puis à humecter la sous-couche papier avec de l’essence F(ou C) ; laisser agir quelques minutes puis enlever le papier décollé : essuyer l’essence résiduelle et laisser sécher avant enduit ou pein­ture.

Le carton mousse peut être légèrement poncé (grain fin) ; l’utilisation de papier de verre gros grain ne donne pas de bons résultats (arrachages de surface)..

Carton Plume™

Si les utilisations modélistes sont quasi analogues, les caractéristiques de mise en œuvre sont sensiblement différentes.

En premier lieu, insensible aux solvants, il peut être collé, peint, enduit ou patiné avec tous les produits disponibles. Il va de soi que les produits sans solvant (acryliques, gouaches, peinture à l’huile) conviennent également. Pour la réalisation de bâtiments ou structures, il est préfé­rable d’utiliser une colle cyanoacrylate ; pour coller à plat des pièces importantes (dalles de sol béton par ex), une colle à bois ou néoprène sera bien adaptée.

Ensuite, l’âme du carton Plume se prête bien à la reproduction de pierres, parpaings ou de panneau de ciment ou béton. Un ponçage plus ou moins accentué, selon l’état de surface souhaité, sera effectué avec du papier de verre (à sec) du grain adapté. Il est également possible de représenter les défauts de surface (fissures, trous..) en utilisant (avec délicatesse !) des outils tels que tournevis fin ou aiguilles.

Enfin, pour peler le carton Plume, il suffit soit d’appliquer la méthode décrite pour le carton mousse, soit de passer une lame de cutter  entre l’âme et le carton pour décoller le bord puis tirer fermement le carton.

Le carton Plume se prête bien aux travaux de patine, notamment avec des terres à décor ou avec des liquides acryliques adaptés (gammes de produits pour maquettes militaires notam­ment).

PRODUITS DE DECOR ACRYLIQUES

Plusieurs marques, spécialisées à l’origine dans le modélisme militaire (ex : VALLEJO, AK), proposent des produits particulièrement intéressants pour le domaine ferroviaire. On retiendra surtout :

  • des pâtes acryliques pour reproduire les sols : béton (dalles…), asphalte (routes, parkings) ;
  • des liquides reproduisant divers types de traces sur sol : huile, carburant…
  • des pâtes permettant de réaliser des surfaces ou chemins boueux (nombreuses couleurs).

Ces produits, relativement bon marché, permettent d’obtenir de très bons résultats et des effets de matière réalistes. Ils sont disponibles dans de nombreux magasins, chez certains VPCistes et en expositions.

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