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REHABILITATION D’UNE LOCOMOTIVE A VAPEUR VIVE (part. 5)

REHABILITATION D’UNE LOCOMOTIVE A VAPEUR VIVE ASTER TYPE RENO 4-4-0 V. & T. R. R. « Western »

(5ème et avant-dernière partie)

Par Claude GAGNERON alias CyberPapy Z

Eh oui, tout évolue, disait le Coronavirus 😉, et, comme il a fallu ajouter un chapitre pour modifier l’attelage arrière du tender afin de pouvoir tracter les voitures AristoCraft, vous bénéficierez d’un épisode supplémentaire à votre feuilleton favori : soyez heureux, bande de veinards  !!!

C’EST LE MOMENT DE VERITE

Lorsque je vous ai montré les photos des « bizarreries » (cf. § « Là où l’état tique ») que comportaient cette locomotive à l’achat, j’ai souligné l’expertise apportée par mon ami Pascal, d’Atelier Vaporiste, dans le repérage de celles-ci. N’ayant jamais pratiqué la chauffe à l’alcool, excepté dans les bars ou les discothèques 🤢, et en connaissant les risques si celle-ci est mal préparée, j’ai demandé à Pascal de m’aider et de m’apprendre à faire les premiers essais de cette vénérable (de lapin 😉) grand’mère !

1 – Mise à feu et essai pas vraiment probant 😞

Ne voulant courir aucun risque en cas de fuite et de son embrasement – j’habite sous les pins et les aiguilles sont nombreuses au sol – j’ai sorti mon banc d’essai sur bac bas en métal où nous avons mis, Pascal, sur la photo ci-dessous à gauche, et moi, la superbe Reno réparée.

Sur la photo ci-contre à droite, la main experte de Pascal tient un miroir de dentiste permettant de voir la couleur de la flamme d’alcool sur les 3 mèches. Plus la flamme est bleue, meilleure est la chauffe : cela se règle en recoupant progressivement la hauteur des mèches. La difficulté réside dans le démontage du brûleur à chaque intervention 😒 ! Après 3 raccourcissements, nous avons obtenu une belle flamme bleue qui nous a permis de monter en pression et de faire une courte vidéo de la locomotive en fonctionnement 😎

J’ai écrit « courte » parce que ce bon fonctionnement n’a pas duré longtemps faute de carburant : la flamme s’est éteinte par manque d’alcool ! Que s’est-il passé ? 🤔 Nous avons remis de l’alcool dans le réservoir mais on ne pouvait pas en mettre beaucoup sinon il coulait sous le tender 😠 Il y avait une fuite mais où ?

On verra ça plus tard parce que nous avons découvert deux nouvelles « bizarreries » d’origine qui ne pouvaient être mise en évidence qu’en chauffe et sous pression : deux soudures à l’étain 😱 sur des tubes en laiton branchés sur la chaudière à plus de 120 °C. Elle se sont rompues, comme le montre la photo ci-contre et la suivante en gros plan !! Et quelles étaient les pièces qui y étaient soudées ? Il y avait le manomètre, photo suivante, et la tubulure du niveau d’eau, en haut de la dernière photo, où l’on voit aussi, à gauche à côté, la fixation supérieure du niveau qui fuyait aussi faute de joint ! 😢 Comme disait Bourvil dans « Le Corniaud », « elle va marcher beaucoup moins bien, forcément » ! Car non seulement la vapeur sortait par les soudures partiellement fondues mais l’eau chaude suintait par le niveau d’eau : comment voulez-vous monter en pression avec ça !!!! 😭

Mais ce serait trop beau si le massacre s’était arrêté là car nous avons trouvé, en débranchant le tender pour expertiser la fuite d’alcool, que l’eau de la chaudière s’écoulait par l’arrivée d’eau alors qu’il y a, théoriquement 🤔, un clapet antiretour comportant une bille et fermé par une tête filetée. Il est évident, sur la photo ci-contre, que la bille n’existe plus, d’où le retour de l’eau au débranchement. Quant à la tête, elle a

dû être filetée un jour mais il n’en reste rien, comme en témoigne la photo d’extrême droite (pas de raccourci politique hâtif, siou plait 😇) de la page précédente, et elle était collée à la pâte à joint, ce qui a rendu son extraction particulièrement difficile. En conclusion, et au vu des dégâts, Pascal est reparti avec la locomotive sous le bras pour réparer tout ça – et peut-être plus s’il découvre encore des « bizarreries » lors des essais chez lui – et me la retourner fonctionnelle 😎

Après ces découvertes de bricolages, nous avons repris notre recherche de fuite dans le tender. Est-elle au niveau de l’abreuvoir à oiseau ? Après investigation poussée, cela ne semblait pas évident 😟 ! Nous avons donc décidé de démonter le réservoir pour mieux le voir. C’est alors que nous avons trouvé d’où cela provenait : le réservoir lui-même !! 😲 Mais que s’est-il passé alors que ce réservoir avait été étanché et testé plusieurs fois ? Eh bien, comme on peut le voir sur les photos ci-contre, les parois se sont ouvertes longitudinalement par rupture de couches d’impression 3D 😔 ! Il est vrai qu’elles ne faisaient que 0,5 mm d’épaisseur afin de maximiser le volume d’alcool dans le réservoir : j’ai voulu le

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beurre et l’argent du beurre, mais pas la crémière, ce n’était pas mon type 😉 ! De plus, le couvercle de 1 mm d’épaisseur, étanché au goudron et maintenu uniquement aux deux extrémités par les quatre vis de fixation du réservoir – l’épaisseur des parois ne permet pas de vissage, s’est soulevé lors du serrage excessif du pointeau, visible la photo ci-contre, car nous pensions que celui-ci ne fermait pas correctement la buse d’écoulement ! 😣

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J’ai donc mis le réservoir en pièces détachées pour récupérer les différents éléments de remplissage, d’écoulement et de mise à l’Arletty, pardon à l’atmosphère 😉.

Donc, on efface tout et on recommence : c’est ça le modélisme ! On étudie, on réalise, on essaie, on rate et on recommence le cycle jusqu’à obtention du résultat souhaité !!!!!!

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2 – Et on réétudie

N’ayant toujours pas SolidWorks à cause de Windaube, j’ai à nouveau sollicité mon ami Didier pour modifier le plan du réservoir, hors couvercle et abreuvoir à oiseau, en augmentant l’épaisseur des parois et du fond à 1,5 mm, ce qui me fait perdre 11 ml d’alcool soit 10% de la contenance du réservoir défaillant mais qui gagne en résistance mécanique.

3 – Et on refabrique la cuve d’abord

J’ai donc « re-trancher » le STL de la page précédente pour imprimer un nouveau réservoir. J’ai ressorti ma magnifique Dagoma à impression FDM, c’est-à-dire par dépôt de PLA.

En effet, depuis l’impression du premier réservoir, j’ai acquis (à moi, bien sûr 😄) une imprimante SLA à résine dont la tête laser polymérise le modèle au travers d’un écran à cristaux liquides qui en affiche la surface, couche par couche, pendant que le plateau qui le supporte monte au-dessus du bac de résine liquide. La polymérisation du modèle terminé étant insuffisante pour le solidifier, il est nettoyé à l’alcool isopropylique puis placé sous une diode UV pendant un temps dépendant de sa masse. Cette technique permet une haute qualité et une grande précision, de l’ordre de 2 microns (0,002 mm) et est très utilisée par les figurinistes. J’ai fait des traverses verrouillables pour mon réseau extérieur avec cette imprimante car le PLA n’aime pas les UV, donc le soleil !!! J’avais donc envisagé de refaire le réservoir en résine mais après avoir fait un test d’une traverse dans un pot de yaourt en verre rempli d’alcool à brûler, j’y ai renoncé parce que la traverse était un peu décomposée 😞. C’est logique finalement puisque la résine liquide contient de l’alcool isopropylique !!!!

J’ai remis en service cette brave Dagoma avec du filament noir de Filo3D et j’ai lancé l’impression. Comme elle n’a pas fonctionné depuis quelques mois, j’ai dû recalibrer le seuil de l’axe Z à plusieurs reprises en arrêtant l’impression au cours de la première couche pour perdre le moins possible de PLA et surtout de temps parce que l’impression totale avec des couches de 0,15 mm et un remplissage à 33 % dure trois heures. Mais elle a très bien fonctionné et le résultat final correspond au besoin, comme le montrent les photos ci-contre.

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Cette cuve étant ébarbée du bord d’adhérence renforcée, brim en anglais, et son étanchéité visuelle étant constatée à l’aide d’une forte lumière opposée, je suis allé voir mon ami et Président, Pierre, qui m’a éduqué à la brasure argent du brûleur (cf. épisode précédent § 6), pour assurer une étanchéité parfaite et durable (de lièvre, c’est meilleur 😂). En effet, Pierre est un constructeur émérite de modèles d’avions (Equipe de France Maquettes Aéromodélistes pour les Championnats du Monde) et il possède tous les produits de moulage pour confection de ses structures.

Après avoir bouché extérieurement les trous du tube atmosphérique et de la buse d’écoulement à l’adhésif, il a versé de la résine époxy à coulée, liquide épais, transparente et très dure après 24 heures de polymérisation. Elle résiste aux UV et, plus important pour moi, à l’alcool et surtout à l’éthanol dont le pouvoir calorique est supérieur à celui de l’alcool et, bien sûr, plus cher 🤑 ! Cela fait une belle paroi brillante, comme on peut le voir sur la photo ci-contre 🙂 !

Par contre, l’époxy s’est déposé sur l’adhésif et a créé une fine couche dure au fond du trou de la buse d’écoulement, visible sur la photo ci-contre. Il va falloir percer mais ce n’est pas un problème puisqu’il faut repercer tous les trous de fixation supérieurs et du tube atmosphérique sur un millimètre de profondeur pour assurer les bonnes cotes et donc celui de la buse (simple car je n’avais pas la place pour une triple 😉).

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J’ai remonté toutes les pièces rapportées telles que la fameuse buse avec son joint fibre entaillé pour l’écoulement et le tube en laiton baignant dans l’abreuvoir à oiseau. J’ai étanché la buse au joint silicone blanc de sanitaires, comme lors de la première version du réservoir où ça ne fuyait pas 😎. Ensuite, j’ai réinstallé le réservoir dans le tender (photo ci-contre) et j’ai testé son étanchéité et celle du pointeau simplement engagé au fond de la buse : ça baigne…heu….non, heureusement, ça ne baigne pas réellement parce que ça ne coule pas du tout !!!! Comme disait la mère de Napoléon le Premier : « Pourvou qué sa doure ! » 😎 😎

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4 – Puis on le ferme avec un nouveau couvercle

Comme on a pu le voir au § 1, 6ième  alinéa, le couvercle imprimé en 3D n’est pas assez rigide pour assurer une bonne étanchéité, notamment dans la partie centrale de sa longueur, au droit du pointeau, partie que je ne peux pas fixer par vis faute d’épaisseur suffisante de la paroi. C’est pourquoi le nouveau couvercle sera fabriqué en laiton de 2 mm pour éviter tout cintrage.

J’ai donc découpé ce couvercle d’une longueur de 78 mm dans un profilé plat en laiton de 500 x 40 x 2 mm, dont une partie est visible sur la photo ci-contre.

Après ébavurage et casse des angles, j’ai utilisé le couvercle imprimé précédent pour percer, tout d’abord, les trous de fixation puis celui de la buse de remplissage en maintenant les deux pièces à l’aide d’une pince de serrage verte (écologique ?), comme le montre la photo ci-contre.

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J’ai ensuite fixé solidement les deux pièces, à l’aide de vis et d’écrous dans les trous de fixation, afin de percer correctement le trou du pointeau dans l’alignement de l’embase du fond de réservoir, photo ci-contre à droite. Cela permet d’obtenir le résultat visible sur la photo ci-contre à gauche.

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Pour visser le pointeau afin de fermer la sortie d’alcool de l’embase, il me fallait trouver un insert fileté intérieurement et lisse à l’extérieur mais de même diamètre que celui à fond de filetage extérieur de l’insert précédent. C’est ce que j’ai trouvé chez mon fournisseur internet préféré comme en témoigne la photo ci-contre ☺

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Les trous étant percés, la buse et le pointeau équipés s’insérant parfaitement dans leur emplacement, il ne reste plus qu’à vérifier si tout se monte correctement ! Ce qui semble être le cas !😎

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Par contre, ce couvercle en laiton bon teint tranche considérablement avec son environnement de geay donc il va recevoir une couche d’apprêt TAMIYA Surface Primer, puis cinq couches de peinture noire en bombe TAMIYA TS-6, photo ci-contre. J’ai pu constater à cette occasion que je ne maitrisais pas encore très bien la pulvérisation d’un voile de peinture : il y a un peu de peau d’orange due à un surplus de peinture ! 😞 Mais en fait, comme c’est une vieille locomotive historique qui a souffert, la pauvre, la peinture s’écaille (de poisson ou de tortue selon votre goût 😉) : elle est patinée ! 😇

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Par contre, je n’ai peint que le dessus et les tranches du couvercle parce que le dessous est exposé aux vapeurs et, éventuellement, au contact de l’alcool : il restera donc en laiton brut, comme en témoigne la photo ci-contre.

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Avant de fermer la boîte de Pandore, il me reste à ajouter une manivelle au pointeau car, lors de l’essai de la Reno avec Pascal, celui-ci a constaté que le dévissage du pointeau à la main, pour doser l’écoulement d’alcool, manquait de précision pour bien gérer la flamme des brûleurs. J’ai donc soudé un bout de fil de laiton de 2 mm de diamètre, cintré à 90° et aminci à 1 mm d’épaisseur sur la longueur de la tête du boulon pour s’insérer dans la fente de la tête, photos ci-contre. J’ai ensuite ébavuré la soudure et limé les deux bouts de la manivelle pour l’esthétique 😍.

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Toutes les pièces étant prêtes, je les ai montées sur le couvercle et étanchéifiées au joint silicone, le joint torique du pointeau étant collé à la cyanoacrylate sur l’insert, puis j’ai scellé ledit couvercle avec le même joint sur la cuve du réservoir à l’aide des quatre vis de fixation. Après essai de remplissage, je n’ai pas constaté de fuite.

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Et maintenant, que vais-je faire ? Je vais attendre ma petit’ Reno. Elle sera sûrement réparé-e, Car Pascal sait très bien braser. Mais le boulot N’est pas fini, Il faut encore changer l’attelage, Et pour voir ça, Vous attendrez L’épisode 6 final. Et maintenant, que vais-je faire ??? (nouvelles paroles à substituer à celles de Gilbert Bécaud–moins de 40 ans, s’abstenir 😉).

A suivre (to be continued…)

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